Isabelle Thiffault, étudiante au PhD
Boursière 2003-2005
Ce court article fait l’objet de différentes petites étapes que j’ai franchies au cours des cinq dernières années de formation en génétique. Il me fait très plaisir de partager avec vous mes avancements sur le sujet qui vous touche, l’ataxie, et de profiter de cette opportunité pour vous remercier de m’avoir offert une bourse d’étude pour l’année 2004-2005.
J’ai complété mon baccalauréat en avril 2001 en biologie médicale à l’Université du Québec de Trois-Rivières. Dès janvier 2001, j’avais entrepris un stage de formation en laboratoire de diagnostic moléculaire sur les cancers héréditaires à l’hôpital général juif de Montréal. Dès ce moment, j’ai pris conscience de l’importance de l’implication de la génétique dans la médecine actuelle. J’ai acquis plus d’un an d’expérience comme assistante de recherche dans les différents centres affiliés de McGill sur les cancers du colon, de la prostate, du sein et le syndrome infantile de Proteus. L’ensemble de mes recherches a conduit à 7 publications, dont trois premiers auteurs ainsi que deux articles sous presse. J’ai obtenu officiellement ma maîtrise en génétique humaine à l’université
McGill en mai 2004.
Présentation du projet de recherche
En juillet 2003, j’ai fait l’heureuse connaissance du Dr. Bernard Brais. La raison principale ayant motivé mon choix de laboratoire a été le projet de recherche sur cette nouvelle forme d’ataxie récessive plus fréquente dans la population canadienne française. Ce projet présentait des défis différents mais complémentaires à mes projets de recherche antérieurs sur la caractérisation des effets fondateurs dans le cancer du colon et de la prostate dans diverses populations. Mon projet de doctorat, me permettra de me familiariser avec toutes les étapes du clonage positionnel et d’acquérir une maîtrise de plusieurs techniques de biologie moléculaire et de protéomique. De plus, le lien direct entre la recherche fondamentale et la clinique inhérent à ce projet, assure aux projets des retombées multidisciplinaires évidents.
Les ataxies récessives sont un groupe hétérogène de maladies neurodégénératives héréditaires. Trois formes d’ataxies récessives héréditaires ont été décrites dans la population canadienne françaises, soit l’ataxie de Friedreich, l’ataxie spastique récessive de Charlevoix Saguenay (ARSAC) et l’ataxie avec apraxie oculomotrice (AOA2). Dans la présente recherche, nous avons effectué le recrutement des patients, la révision clinique des dossiers d’ataxie spastique ainsi que la recherche des informations généalogique des familles.
Description de la cohorte et du phénotype clinique
Nous avons recruté 19 familles dont 25 patients atteints présentant un nouveau phénotype ataxique. Plus de 50% de nos familles sont originaires de Portneuf ou ont un lien généalogique avec la région. Le phénotype consiste au développement d’une ataxie entre l’âge de 3 et 20 ans, accompagné de dysarthrie et de spasticité. Il y a une grande variabilité phénotypique interfamiliale et intrafamiliale. Dans les cas les plus sévères, nous avons observé la présence de scoliose, de dystonie, de retard intellectuel léger, d’atrophie corticale et la présence de leukodystrophie. Il n’existe aucune description clinique de cas similaires dans la littérature. Un criblage du génome humain entier à l’aide de l’ADN des patients nous a permis d’établir qu’une région du génome commune à toutes nos familles devait contenir le gène muté responsable de cette forme d’ataxie. Les analyses génétiques suggèrent la présence de plus de trois mutations au Québec. La plus commune des mutations serait partagée par au moins 75% des porteurs. Ce projet a pour objectif principal d’identifier le gène et les mutations responsables de cette nouvelle forme d’ataxie récessive canadienne française associée à la région de Portneuf. Dès que cette étape sera complétée, nous pourrons offrir un test diagnostique, offrir des services de conseil génétique pour cette maladie au Québec, plus particulièrement dans la région de Portneuf, et étudier la fonction et la protéine de ce gène. Ce projet mènera aussi à une plus grande compréhension de la physiopathologie des ataxies.
Voir le résumé de recherche sur l’ataxie de Portneuf publié dans la revue Brain en mai 2006 (en anglais)