Voici la description de certaines formes d’ataxies récessives (c’est-à-dire qu’il faut obligatoirement que les deux parents transmettent le gène fautif pour que l’enfant soit atteint). Homme et femme peuvent être atteints.
L’ataxie de Friedreich est une maladie sévère qui fut décrite pour la première fois par le neurologue allemand Nicolas Friedreich en 1881. L’ataxie occasionne une incapacité de coordonner les mouvements des muscles volontaires (ataxie) attribuable à la mort prématurée des cellules nerveuses qui contrôlent l’équilibre et la coordination. À ces troubles sont associés un épaississement et une atteinte du fonctionnement du muscle cardiaque (cardiomyopathie) due à des productions réduites d’une protéine, la frataxine.
Cette diminution de frataxine entraîne une accumulation excessive de fer au niveau des cellules, ce qui en résulte un mauvais fonctionnement des mitochondries particulièrement au niveau du système nerveux et du cœur. Les mitochondries sont les structures qui génèrent l’énergie au niveau cellulaire. Ce mauvais fonctionnement des mitochondries se manifeste aussi par une augmentation excessive de certains produits dans le sang dont la malondialdéhyde.(Dr Michel Vanasse, neurologue Hôpital Sainte-Justine, Montréal).
Mode de transmission : Autosomique récessif (touche les 2 sexes et les 2 parents doivent transmettre le gène pour qu’un enfant soit atteint). La maladie, malgré le fait qu’elle soit héréditaire, n’est pas toujours présente à chaque génération.
Âge d’apparition : Les symptômes apparaissent dans la plupart du temps vers 13-14 ans. On constate des cas chez l’enfant et l’adulte. Les plus récentes données nous informent qu’il serait plus juste de dire de 1 à 80 ans.
Symptômes : L’ataxie de Friedreich affecte les membres supérieurs et inférieurs, les muscles du tronc, du cou et de la tête. Elle entraîne une perte du sens positionnel des jambes ce qui fait que l’équilibre devient difficile (coordination et précision).
Au début, ce sont des troubles de la marche et de l’équilibre (semblable à celle d’une personne en état d’ébriété : peu à peu, la démarche devient instable avec écartement des pieds, inégalité des pas, écartement excessif des membres inférieurs et supérieurs, le talonnement est plus ou moins net. La personne commence à avoir besoin d’aide pour se déplacer.
À mesure que la maladie progresse, d’autres symptômes se manifestent dont une mauvaise coordination des membres inférieurs et supérieurs (maladresse des mains d’où une difficulté à écrire, une faiblesse musculaire généralisée (davantage dans les jambes), abolition de certains réflexes, des problèmes d’élocution et d’articulation (parole difficile avec une voix explosive et ralentie, irrégularité dans le ton et l’intensité de la voix).
La déglutition est parfois difficile (la personne s’étouffe en avalant du liquide et du solide) et, dans la majorité des cas, il y aura une perte de coordination des muscles oculaires (mouvements des yeux irréguliers), et une perte de l’acuité visuelle et auditive (détérioration du nerf visuel et auditif). Une déformation de la colonne vertébrale est également présente chez un grand nombre de personnes atteintes.
À cause de l’évolution de la maladie, les 8 à 10 ans qui suivront le début de l’arrivée des premiers symptômes, la personne atteinte devra utiliser un fauteuil roulant pour pallier à son incapacité de marcher.
Problèmes secondaires (pas dans tous les cas):
Problèmes cardiaques (cardiomyopathie hypertrophique i.e. que le cœur est plus gros que la normale et cause des anomalies du rythme des pulsations cardiaques). Important d’avoir un suivi régulier.
Le diabète sucré est quelque fois présent.
Déformations (pas dans tous les cas) : pied creux (le dessus du pied sera renflé et le dessous dans le centre sera creux); colonne vertébrale (scoliose, lordose, cyphose), lié à l’incoordination et à la posture.
Évolution : L’évolution est plus rapide au début et les personnes atteintes se verront confinées au fauteuil roulant. L’évolution et les symptômes peuvent être différents d’une personne à l’autre même si ces personnes appartiennent à une même famille.
Cause : Un seul gène est en cause. L’ataxie de Friedreich résulte d’une mutation (altération ou changement se produisant dans le gène et l’empêchant de fonctionner normalement) dans le gène codant d’une protéine appelée « frataxine ». Le gène X25 fut découvert en 1996 sur le chromosome 9. La fonction de ce gène est de fabriquer la protéine frataxine. Son rôle est de faire circuler l’oxygène à travers les mitochondries présentes dans chaque cellule. Or, dans l’ataxie de Friedreich, la frataxine est insuffisante. La frataxine étant peu présente, l’oxygène ne circule pas dans la mitochondrie et s’accumule à l’entrée de celle-ci. Étant donné que la mitochondrie a besoin de fer pour vivre, dès son arrivée, celui-ci est oxydé par l’oxygène accumulé. Le fer rouille et la cellule meurt.
Test diagnostic : Le gène étant découvert, une prise de sang est suffisante pour savoir si un individu est sain, porteur ou atteint. Un diagnostic précoce est très important, pour dépister les différents symptômes afin de les prendre en charge le plus rapidement possible. Une batterie de tests peut être nécessaire en cas d’incertitude :
- biologie moléculaire
- électroencéphalogramme
- électrocardiogramme
- médecine nucléaire
- ponction lombaire
- résonance magnétique
Prise en charge : Un suivi neurologique est indispensable afin de connaître l’évolution de la maladie pour mieux vous orienter vers les services cliniques et techniques (prise en charge) requis. Un suivi cardiaque et diabétique peuvent également être nécessaires.
Problème cardiaque : Fait la gravité de la maladie et engage le diagnostic final.
Rééducation fonctionnelle : La rééducation permet de limiter les pertes fonctionnelles et d’éviter les déformations, donc les complications. Le but est de conserver une bonne autonomie sinon de s’améliorer. Ces services de réadaptation permettent de développer l’autonomie et de maintenir le plus longtemps possible les acquis ce qui facilite leur intégration sociale.
- Physiothérapie (tout ce qui a trait au maintien physique).
- Orthophonie (pour difficultés de la parole).
- Ergothérapie (vise à l’autonomie dans la vie quotidienne).
Cure et recherche : Pour l’instant aucune cure n’existe mais les symptômes peuvent être soignés.</p>
Mode de transmission : Autosomique récessive (touche les 2 sexes et les 2 parents doivent être porteurs du gène, mais ils ne sont pas atteints).
Âge : Dès la petite enfance, quand l’enfant commence à marcher. Vers la vingtaine, atrophie des mains et des pieds. Vers 30-40 ans, la personne utilise le fauteuil roulant pour se déplacer sur de grandes distances.
Fréquence : Dans cette région une personne sur 22 est porteuse. On compte environ 320 québécois atteints.
Évolution : Lente et progressive. À mesure que le patient vieilli, des anomalies au cervelet s’accentuent, limitant la coordination et l’équilibre. L’espérance de vie est égale à celle de la population en général.
Symptômes :
- manque d’équilibre à la marche entraînant des chutes fréquentes;
- spasticité surtout dans les jambes (s’accentuant au fil du temps);
- manque de coordination des mouvements des bras (d’où la difficulté à écrire et à exécuter des mouvements précis);
- difficulté à prononcer les mots et un langage pâteux;
- faiblesse progressive (à cause de l’atteinte des nerfs responsables des pieds et des mains).
Déformations : Légère déformation des pieds et des mains.
Problèmes secondaires : Aucun. Pas de troubles cardiaques, de diabète ou autres.
Dépistage : À effectuer vers 4 ans.
Rééducation fonctionnelle : Ergothérapie, physiothérapie et orthophonie (pour limiter les pertes fonctionnelles et prévenir certaines complications). Ces services de réadaptation permettent de développer leur autonomie et de maintenir le plus longtemps possible leurs acquis qui facilitent leur intégration sociale.
Gène et protéine : Le gène est découvert et sa protéine est la SACSINE. Il a subi une mutation qui consiste en une expansion des trinucléotides CGA. Cette information est importante pour savoir si le patient est ataxique.
Recherche médicale : Études sur le rôle et la fonction de la protéine :
- évolution de la maladie;
- médicaments pour diminuer la spasticité dans les jambes;
- trouver un test pour identifier la maladie.
Année de la découverte : 2006.
Provenance de l’identification : Au Québec, régions de la Beauce et du Bas St-Laurent.
Gêne responsable : identifié – SYNE 1.
Symptômes : problèmes de locomotion (équilibre), d’élocution, de dextérité manuelle.
Évolution : lente.
Espérance de vie : normale.
Âge d’apparition : dans la trentaine.
Mode de transmission : récessif. La présence de deux gènes anormaux est indispensable pour que la maladie s’exprime.
Aide à la mobilité: cane, pour solidifier l’appui et obtenir plus de sécurité.
Traitement curatif : Il n’existe, pour le moment, aucun remède ou cure pouvant apporter une guérison à l’ataxie de Beauce. Il est possible de soigner les symptômes. La réadaptation fonctionnelle devient nécessaire. La physiothérapeute, l’orthophoniste (les problèmes de langage), l’ergothérapeute (aide à la vie quotidienne), la psychologue et la travailleuse sociale travaillent en étroite collaboration pour l’évaluation, la prise en charge et le soutien.
La physiothérapeute vous sera d’un grand secours pour tout ce qui concerne les déplacements du corps. La physiothérapeute traitera vos articulations et vos muscles. Des étirements, du renforcement et de l’assouplissement seront appropriés pour conserver vos facultés dans l’état présent, le plus longtemps possible. Votre patron de marche sera également étudié et corrigé dans le but de vous permettre de vous déplacer sur vos jambes plus aisément. Avez-vous besoin d’un appareil orthopédique pour faciliter vos déplacements? si oui, lequel serait le mieux adapté à votre besoin? Utilisez-vous bien votre cane? Avez-vous un programme d’exercices réguliers? Discutez-en ouvertement avec votre physiothérapeute.
L’ergothérapeute peut vous aider en vous donnant des trucs et des conseils utiles. Elle connaît tous les objets et les gadgets utiles pour les personnes ayant des problèmes de dextérité. Elle vous mettra en situation et trouvera la meilleure façon de l’adapter à votre condition. (prendre un verre d’eau et le transporter jusqu’à la table, apporter des paquets, etc. Souvent, il ne suffit que de déplacer quelques meubles pour rendre une pièce plus accessible… et une vie plus agréable). Un œil extérieur, averti et habitué s’avère très utile.
L’orthophoniste pour vous aider à régulariser le débit de la voix, la tonalité. Des exercices de respiration seront utiles pour apprendre à gérer son souffle afin de mieux se détendre lors de la marche. Un petit truc pour vérifier la qualité de la voix : enregistrez-vous et écoutez-vous. Vous déciderez ensuite.
La psychologue vous aidera à mieux retrouver un bon équilibre moral et mental pour poursuivre la vie. C’est tout à fait normal qu’à l’annonce du diagnostic d’ataxie, la personne soit sous le choc, déprimée et désorientée à ne plus savoir que faire. On ne veut pas le croire. Tôt ou tard, il faudra changer ses habitudes et vivre avec l’ataxie. Mais vaut mieux que ce soit tôt. De beaux moments vous attendent et votre entourage vous apprécie, peu importe votre condition. Ne restez pas dans le questionnement, consultez et retrouvez l’harmonie.
C’est intéressant d’avoir l’aide, les opinions et les conseils d’un professionnel dans le domaine de la réadaptation. C’est en fait, avoir le regard d’une seconde personne, apte et objective, pour bien évaluer les problèmes et trouver les traitements et les solutions appropriés.
Jetez un coup d’œil dans la section Dans la vie courante, la partie inférieure vous concerne. Elle est intitulée « Comment les ataxies apparaissant à l’âge adulte se concrétisent-elles dans le quotidien? ».
Voici les étapes du travail de recherche scientifique à entreprendre :
- trouver la cause;
- connaître les mécanismes biologiques;
- créer des modèles animaux pour faire des essais cliniques; grâce aux résultats de ces essais, conduire à un traitement qui, espérons le, sera efficace.
Mode de transmission : Autosomique récessif (atteint les 2 sexes et les 2 parents doivent être porteurs du gène fautif sans toutefois être atteints).
Apparition : Débute chez le petit enfant et entraîne un handicap progressif. L’enfant est normal à la naissance. Les premiers signes de la maladie apparaissent durant la deuxième année de vie.
Symptômes :
- perte d’équilibre;
- difficulté d’élocution;
- perte de contrôle musculaire (confine le patient au fauteuil roulant);
- perte de l’écriture;
- nystagmus (difficulté dans le contrôle du mouvement de l’œil);
- infections respiratoires à répétition et dégradation neurologique progressive;
- vieillissement cutanéomuqueux accéléré;
- fréquence particulière de certains cancers concernant 10% des enfants;
- une veine en forme d’étoîle apparaît dans le coin de l’œil ou à la surface des oreilles. 70% des enfants ont une marque clinique « immunodéficience » à cause des infections respiratoires qui peuvent être traitées à vie.
Cancer : Prédisposition au cancer. Les patients A-T sont plus susceptibles d’avoir un cancer du sang, 1000X plus que la population en général. La leucémie et le cancer de la lymphe sont les types les plus communs de cancer. Mais, il y a une extrême sensibilité à la radiation, donc les patients ne la tolère pas.
Sexe et âge : autant les hommes que les femmes, tous les enfants sont touchés. 1 cas/40 000 naissances quoique plusieurs n’ont pas été diagnostiqués et sont décédés. Toutefois, cette maladie est très commune. Les jeunes sont confinés au fauteuil roulant vers l’âge de 10 ans et décèderont de problèmes respiratoires ou de cancer entre 10 et 20 ans. Certains vivront jusqu’à 40 ans mais c’est extrêmement rare.
Évolution : Progressive.
Gène : Sur le chromosome 11, découvert en 1995.
Diagnostic : Dans les premiers stades de la maladie, le diagnostic est difficile à poser. Les caractéristiques permettant d’affirmer le diagnostic est l’augmentation quasi constante de l’alpha-foetoprotéine ainsi que la cytogénétique. Le test permettant d’établir un diagnostic est simple. L’analyse est réalisée à partir des lymphocytes dans le sang.
Recherche : Beaucoup de recherche. En 2004, il y a eu une conférence internationale tenue à l’Université de Birmingham (13-14-15 octobre) Site web : www.atsociety.org.uk
Décès : Cancer et pneumonie à cause des infections respiratoires entre 10 et 20 ans.
Cure : Aucune. Les injections de globulines vont aider le système immunitaire.
DIAGNOSTIC ET EXAMENS: Le diagnostic de l’AOA1 est basé sur des résultats cliniques (ce qui inclut les antécédents familiaux) et l’exclusion du diagnostic d’ataxie-télangiectasie. L’atrophie cérébelleuse est détectable dans le cas de tous les individus affectés, ceci grâce à l’imagerie par résonance magnétique (IRM). L’électromyogramme (EMG) révèle de plus que tous les individus ayant l’AOA1 souffrent de neuropathie axonale. On peut aussi passer un test de l’APTX (le seul gène en lien avec l’AOA1) en génétique moléculaire.
TRAITEMENT ET PRÉVENTION: Le traitement consiste en physiothérapie, particulièrement dans le cas d’handicaps liés à la neuropathie périphérique; une chaise roulante peut aider à la mobilité, particulièrement entre 15 et 20 ans alors que de l’aide à l’apprentissage est nécessaire pour ceux qui ont de la difficulté à parler, lire et écrire. On peut prévenir les complications grâce à un régime riche en protéines (ce qui prévient les risques d’œdème en rétablissant la concentration de sérumalbumine) et faible en cholestérol. Des examens de routine chez un neurologue permettent de suivre l’évolution de la maladie.
INFORMATION D’ORDRE GÉNÉTIQUE: L’AOA1 se transmet par l’hérédité de façon récessive autosomique. Dès la conception, chaque descendant d’un individu affecté a 25% de probabilité de souffrir de la maladie, ainsi qu’une probabilité sur deux d’être porteur asymptomatique. Les descendants ont aussi une probabilité sur quatre de n’être ni atteint par la maladie ni d’en être porteur. Si les deux allèles causant la maladie dans une famille donnée sont connus, des examens permettront de déterminer qui est porteur dans une famille dont les membres sont à risque élevé; des tests prénataux pour grossesses à risque peuvent aussi être effectués.
Source : Coutinho P, Barbot C. Ataxia with Oculomotor Apraxia Type 1. GeneReviews [Internet].DIAGNOSTIC ET EXAMENS: Le diagnostic de l’AOA2 est basé sur des résultats cliniques et biochimiques, les antécédents familiaux et l’exclusion du diagnostic d’ataxie-télangiectasie et d’AOA1. L’AOA2 est en lien avec des mutations du gène SETX, lequel encode la sénataxine. Des examens cliniques en génétique moléculaire peuvent aussi être faits.
TRAITEMENT ET PRÉVENTION: Le traitement consiste en physiothérapie pour les handicaps liés à la neuropathie périphérique. Une chaise roulante aidera grandement à la mobilité; l’aide à l’apprentissage sera nécessaire (notamment avec des ordinateurs à reconnaissance vocale et des claviers spécialement adaptés) afin de compenser des difficultés de lecture (causées par l’apraxie oculomotrice) et d’écriture (causées par l’ ataxie des membres supérieurs). Des examens de routine chez un neurologue permettent de suivre l’évolution de la maladie.
INFORMATION D’ORDRE GÉNÉTIQUE: L’AOA2 se transmet par l’hérédité de façon récessive autosomique. Dès la conception, chaque descendant d’un individu affecté a 25% de probabilité d’être atteint par la maladie, ainsi qu’une probabilité sur deux d’être porteur asymptomatique. Les descendants ont aussi une probabilité sur quatre de n’être ni atteint par la maladie ni d’en être porteur. Aucun laboratoire offrant des examens prénataux ne figure au répertoire du GeneTests Laboratory. Cependant, de tels examens sont offerts dans les laboratoires offrant un diagnostic prénatal plus élaboré.
Source : Maria-Céu Moreira, Michel Koenig. Ataxia with Oculomotor Apraxia Type 2. GeneReviews [Internet]. Traduction de l’anglais : Alain Lavallée